Joseph Kosma est né à Budapest le 22 octobre 1905. Il fréquente, jeune, les conservatoires de musique de quartier de Budapest, encouragé par sa grand-mère maternelle ancienne élève de Liszt. Il effectue des études supérieures de musique à l’académie Franz Liszt, d’où il sortira avec un diplôme de composition et de direction d’orchestre. Bénéficiant d’une bourse d’étude, il part en 1929 à Berlin où il séjournera avant de se réfugier en France en 1933 pour fuir l’Allemagne nazie.
En 1935, la rencontre décisive avec Jacques Prévert à Paris lui permettra dans un premier temps de survivre puis de commencer une carrière dans la chanson. En 1937, il collabore avec Jean Renoir pour sa première musique de film : La Grande Illusion. Sous l’occupation, il participe de manière anonyme à certains films de Prévert et écrira dans la clandestinité la musique du film Les Enfants du Paradis.
Après la libération en 1945, il débute une activité intense dans le cinéma, la chanson et le ballet. Ses musiques font sa réputation, en particulier celles écrites en collaboration avec le poète Jacques Prévert, environ 80 morceaux caractéristiques de la chanson intellectuelle en vogue à Saint-Germain-des-Prés, après guerre. Il compose le ballet Le Rendez-vous dans lequel se trouve le thème des Feuilles mortes, un des plus brillants exemples de la popularité mondiale de la collaboration du poète et du compositeur.
Ses chansons reçoivent un accueil enthousiaste aussi bien dans les cercles intellectuels qu’auprès du public. Kosma sera naturalisé français en 1948 et recevra en 1951 le prix de la meilleure partition musicale au Festival de Cannes pour Juliette ou la Clé des songes de Marcel Carné. Mais en 1952, les difficultés de production rencontrées pour le film La Bergère et le Ramoneur remettent en cause la collaboration de Prévert et de Kosma ainsi que leur profonde amitié.
A partir de 1954, il participe de nouveau à des œuvres de Renoir. Le grand talent de Kosma repose dans sa manière de mettre la mélodie ou le rythme au service du texte sans imposer le musicien. Il recevra en 1956 le Grand Prix du Disque pour l’Inventaire.
Il composera l’oratorio scénique Les Canuts, crée en concert en 1959 à Budapest, et sur la scène Staatsoper de Berlin la même année ; crée pour la France en 1964 à l’Opéra de Lyon et reprise en 1965. Quelques semaines après sa mort, l’opéra de Lyon monte son opéra Les Hussards, le 21 octobre 1969, qui témoigne d’une évolution, d’un style plus élaboré de Kosma.
Les Feuilles mortes (1945)
Le cinéaste Marcel Carné ayant aimé le ballet Le Rendez-vous demanda à Prévert et Kosma s’ils étaient d’accord pour en faire un film ce qu’ils acceptèrent volontiers. Ce fut Les Portes de la nuit ; outre la chanson Les Enfants qui s’aiment, qui figurait dans le ballet, mais qui avait été écrit avant, il fallait une deuxième chanson. On choisit un motif du pas de deux du troisième tableau, quatre notes répétées quatre fois à un intervalle descendant d’un ton. Prévert écrivit les paroles sur la musique existante. On y adjoignit un couplet : ce fut la naissance des Feuilles Mortes. Des extraits des Feuilles Mortes s’entendent à diverses reprises dans le film : personne n’y fit attention. Cora Vaucaire créa la chanson sur scène, Jacques Douai l’enregistra pour la première fois, Montand la mis à son répertoire sans succès. Il fallut attendre trois ans pour que la chanson s’épanouisse aux quatre coins du monde Aux Etats unis, Autumn Leaves, l’adaptation de Johnny Mercer, parolier de Franck Sinatra que ce dernier met à son répertoire, connaît un succès immédiat. Ce succès américain se confirme dans le monde entier notamment grâce aux diverses versions qu’en firent les plus grands musiciens de jazz et les interprètes les plus renommés. Ce succès qui a fait d’Autumn Leaves un standard mondial ne se dément pas aujourd’hui.
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